mercredi 29 octobre 2008

Kermita

Kermita est une jolie petite grenouille qui fait "bong ! bong !" lorsqu'elle bondit avec intrépidité sur ses pattes élastiques. Elle a été fabriquée pour une toute petite fille joliment prénommée Océane.
Kermita voudrait partir vers l'Océan. Mais l'Océan ne se révèle pas aussi accueillant qu'elle l'avait espéré...
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Kermita
La grenouille qui bondissait vers l'Océan

Kermita était une jolie petite grenouille verte. Très coquette, elle portait toujours des tenues raffinées faites d’imprimés Liberty merveilleusement fleuris, qui donnaient à son teint une douceur féminine. D’un port de tête altier, elle marchait dans la vie avec fierté, les bras grand ouverts vers son avenir. Pourtant, il y avait dans ses yeux un je-ne-sais-quoi d’étrangeté qui donnait à son regard un air halluciné. Kermita était dans sa vie, dans ce monde, dans cette ville… et en même temps toujours un petit peu ailleurs.
Kermita vivait à Paris, près du lac du parc des Buttes-Chamont. Elle s’était trouvée un coin tranquille, à l’abri des touristes curieux et des enfants braillards, où elle pouvait sauter à son aise de pierres en rochers.
Peut-être me direz-vous que vous n’avez jamais vu de grenouille aux Buttes-Chaumont. C’est vrai, elles ne sont pas nombreuses. À vrai dire, Kermita était même la seule batracienne du jardin. Sa maman était une grenouille d’appartement, qui vivait recluse dans l’aquarium d’un petit garçon vivant à quelques pas de là, rue des Chaufourniers. Un jour, la maman grenouille avait eu des petits têtards, fines silhouettes noires à la queue allongée, qui annonçaient de se transformer bientôt en belles et radieuses grenouilles. Mais la mère du petit garçon, voyant toutes ces petites bêtes tournoyer dans l’aquarium et menaçant un jour de devenir une armée de rainettes et de crapelets, s’était effrayée. « Comment ! », s’était-elle exclamée avec énervement à l’adresse de son fils, « tu ne vas pas garder tous ces têtards ! Pas question d’avoir de nouvelles grenouilles à la maison ! » Devant la fureur de sa mère, le petit garçon avait dû pêcher les petites larves avec la passoire de la cuisine et les mettre dans un grand bol afin de les transporter jusqu’au parc voisin. Les larmes aux yeux, le petit garçon avait versé le contenu du récipient dans le grand lac et avait regardé, un à un, les têtards nager vers leur nouvelle liberté. C’était l’hiver et il faisait froid sur Paris cette année-là. Perdus dans le vaste étang, les têtards étaient morts peu de temps après. Seul l’un d’entre eux avait survécu : un têtard volontaire et décidé, qui, quelques semaines plus tard devint une belle et délicate grenouille – Kermita.
Seule grenouille du jardin, Kermita était considérée avec respect par tous les autres animaux. On peut même dire qu’elle était aux yeux de tous une vraie petite reine, objet de toutes les attentions. Lorsqu’ils croisaient Kermita au détour d’un nénuphar, les canards cancanaient joyeusement, les mésanges zinzinulaient avec gaieté, les hirondelles gazouillaient avec malice et les moineaux pépiaient d’un air enjoué. Kermita avait le don de rendre tout le monde heureux. C’est un don rare, inestimable, qui n’est pas donné à tout le monde.
Malgré l’absence de sa famille, Kermita avait tout pour être heureuse. Mais, c’est bien connu, lorsqu’on a tout, on en veut quand même encore plus. Chaque jour, Kermita sautait d’une pierre à l’autre, bondissant avec souplesse au-dessous de l’eau sombre du grand lac. Arrivée sur un rocher un peu plus gros que les autres, elle se laisser tomber sur le côté, en soupirant d’ennui. « J’en ai marre de Paris ! », s’écriait-elle avec lassitude. La voyant triste, les canards, les mésanges, les hirondelles et les moineaux se précipitaient autour de Kermita, à tire d’ailes ou à coup de nageoires. Et, dans tous les sens, ça cancanait, ça zinzinulait, ça gazouillait, ça pépiait.
« − Qu’as-tu, ma petite Kermita ? », chantaient les oiseaux.
« − Que se passe-t-il, jolie Kermita ? », nasillaient les canards.
Devant la foule de ses admirateurs, Kermita se relevait d’un air décidé et, tirant sur ses pattes élastiques, s’écriait avec assurance : « Y’en a marre de ce lac, ce que je veux, moi, c’est aller vivre dans l’Océan ! »
« − L’Océan ? l’Océan ! », entendait-on cancaner et zinzinuler de tous côtés, d’un air scandalisé.
« − Mais tu n’y penses pas, Kermita, c’est immense, l’Océan ! », bourdonnait une guêpe qui avait surpris la conversation.
« − Et puis, c’est loin, l’Océan ! », croassait un corbeau perché en haut d’un arbre.
« − Et puis c’est froid, l’Océan ! », jacassait une pie qui, toujours, se mêlait de ce qui ne la regardait pas.
« M’en fiche ! », coassait Kermita avec vivacité, en réponse à toutes ces paroles trop raisonnables qui entendaient faire avorter ses rêves. « Moi, je veux vivre dans l’Océan et un jour j’irai là-bas ! », affirmait Kermita, mettant un terme à la conversation.
Kermita savait qu’un rêve, à force d’être ignoré, peut vous étouffer et qu’il n’y a pas d’autre moyen pour continuer de vivre que de tout faire pour le rendre réel. Alors, un matin, Kermita décida de partir. Quitter Paris, quitter les Buttes-Chaumont, quitter les cancans des canards, les gazouillis des hirondelles et les pépiements des moineaux, et rejoindre l’Océan.
À l’annonce de cette grande nouvelle, tous les animaux du parc accoururent affolés vers Kermita.
« − Tu vas nous manquer ! », roucoula toute la famille des pigeons argentés.
« − Que va-t-on devenir sans toi ? », craqueta une cigale méridionale qui passait tous ses étés à Paris.
« − Quelle tristesse de te voir partir ! », couina une petite souris qui vivait dans un petit terrier creusé dans l’écorce d’un arbre.
« − Il n’y aura plus personne pour coasser joyeusement lors de ma promenade matinale ! », jappa un caniche qui, chaque matinée, tenait en laisse une vieille dame habitant rue Simon Bolivar.
« − Et je ne pourrai plus admirer ta jolie tenue fleurie ! », jabota une perruche qui s’était évader il y a bien longtemps de la cage dorée d’une riche Parisienne.
En écoutant tous ses amis regretter son départ, Kermita était un peu triste. Elle savait bien qu’à elle aussi l’animation du lac des Buttes-Chaumont allait lui manquer.
Mais le rêve d’Océan de Kermita était trop grand, trop beau, trop impatient. Il fallait qu’elle parte. Qu’elle parte maintenant pour rejoindre l’Océan.
Kermita ne fut pas longue à se préparer. Contrairement aux hommes, les batraciens savent voyager sans bagage. D’un geste de la patte, Kermita fit au-revoir à tout le monde. Elle ne se retourna pas quand elle franchit la grille du grand jardin. Des larmes se bousculaient au coin de ses grands yeux ronds et elle voulait que personne ne puisse deviner ces gouttes de tristesse au rebord de son regard.
Sortir de Paris ne fut pas évident. Bien au contraire. Partout, il y avait des voitures qui, à toute allure, vrombissaient de tous côtés sans crier gare. Croyant y trouver plus de sécurité, Kermita se réfugia dans les caniveaux, le long des trottoirs et, de rue en rue, elle bondit, trempant ses pattes raffinées dans la fange des ordures parisiennes. Avenue de la Grande Armée, après être passée sous l’Arc de Triomphe et avant de franchir le périphérique, Kermita fut à deux pattes d’être écrasée par un vélocipède frondeur et inconscient. Heureusement, la petite grenouille avait de bons réflexes et l’accident fut évité de justesse. Arrivée au Bois de Boulogne, Kermita laissa échapper un grand soupir. Là, parmi les arbres, les lacs et les allées de sable, elle se sentait en terrain connu et pouvait enfin souffler devant ce bout de nature retrouvé.
Mais la halte champêtre fut de courte durée. Le rêve de Kermita l’appelait. L’Océan était loin, mais il ne fallait pas cesser d’aller à sa conquête. Empruntant les petites routes de campagne, préférées aux effrayantes autoroutes polluées, Kermita bondissait sur le macadam gris. « Bong, bong ! », auriez-vous pu entendre si vous aviez marché vous aussi au bord de la route. Kermita tirait sur ses pattes, cherchant l’impulsion qui, de bond en bond, la menait jusqu’à son destin. « Bong, bong ! ». De kilomètres en kilomètres, la jeune grenouille avait trouvé son rythme et avalait les distances au bout de ses cuisses musclées.
Il se passa des jours, des semaines, des mois. Les voyages en grenouille ne sont pas aussi rapides que les voyages en TGV, bien entendu. Mais il y avait au bout des pattes de Kermita le merveilleux rêve de l’Océan et, poussée par cet espoir fou, jamais elle ne se sentit fatiguée et jamais elle n’eut l’idée de renoncer.
Alors, au bout de plusieurs mois, Kermita finit un jour par arriver à destination. À la pointe de la Bretagne, il y avait là la pointe de son rêve : l’Océan immense dans son enveloppe bleutée qui s’étendait à l’infini, à perte de vue. Kermita bondit sur le sable mouillé de la plage. Enfin, elle était devant l’Océan ! Enfin, l’Atlantique était là, devant elle, faisant danser les vagues sous l’éclat du soleil ! Kermita se frotta les yeux. Elle n’arrivait à croire qu’elle y était enfin arrivée, qu’elle était là, au seuil du monde aquatique, devant l’horizon démesuré de cette infinie masse liquide. Pendant quelques instants, Kermita ne bougea pas, fixant les flots bleus et les ressacs maritimes qui, d’un coup, venaient donner vie à son rêve impossible. La petite grenouille était si émue d’être arrivée enfin à son but que pendant quelques minutes elle ne put rien faire d’autre que de le contempler en toute incrédulité.
Puis, Kermita reprit conscience de la réalité. Car l’Océan était là, devant elle, bien réel ! Il fallait en profiter ! D’un bond, elle tira sur ses pattes arrière qu’elle enfonça sur le sable doré et elle sauta dans les vagues.
« − Bong, bong, bong ! et… plouf ! »
Kermita avait bondi une fois, deux fois, trois fois et, après un coup de pattes plus fort que les autres, elle sauta de tout son corps dans l’eau salée.
« − Ouille ! c’est glacé ! », coassa Kermita avec effroi.
Portée par une vague un peu plus grosse que les autres, elle fut rapidement ramenée vers le rivage. Un peu étourdie, elle rampa sur le sable humide. Reprenant petit à petit ses esprits, elle se redressa et trempa à nouveau une patte dans l’Océan. Elle approcha tout doucement de l’eau, entourant chaque geste de mille précautions. Mais une vague furieuse vint jaillir du fond de la mer et éclater avec violence sur la plage. Kermita fut emportée par le rouleau désordonné. Elle tourna, tourna dans l’onde déchaînée, la tête sous l’eau et peinant à respirer. Heureusement, toujours, avec un rythme régulier, le rivage rappelait les vagues de l’Océan et se laissait laper par celles-ci. Rejetée vers la plage, Kermita retrouva la terre ferme. Complètement abasourdie, elle se laissa glisser jusqu’au sable. La pauvre Kermita, ayant avalé une grosse quantité d’eau salée, toussait avec douleur, extirpant de sa poitrine les gouttes d’Océan qu’elle avait avalées malgré elle.
« − Ah, mais c’est pas bon ! Qu’est-ce qu’elle est salée, cette eau ! », cria-t-elle avec dégoût.
Tremblant de peur et de froid, la petite grenouille vint se réfugier sur un rocher. De là, elle pouvait voir en hauteur, dans un lieu à peu près abrité, l’Océan se déchaîner dans toute sa splendeur. C’était donc ça, l’Océan ? Cette masse informe et infinie qui vous crachait à la figure des vagues impertinentes et vous laissait un goût piquant dans la bouche ? Cet Océan-là ne ressemblait pas tout à fait aux rêves de Kermita. En vérité, Kermita découvrait que dans la vraie vie la réalité a rarement la saveur des rêves. La saveur de la réalité n’est certes pas forcément désagréable et déplaisante, mais elle est différente, c’est tout. Et c’est déjà beaucoup.
« − Que fais-tu là, petite grenouille ? », piaula un albatros blanc qui, volant au-dessus de la plage, aperçut la minuscule rainette accrochée à son rocher.
Kermita leva les yeux. Un bel et grand oiseau tournoyait au-dessus de sa tête. Il avait des ailes de géant et, dominant le ciel, il semblait être le roi de l’azur. Un petit peu intimidée, Kermita sourit à ce bel oiseau qui portait sur elle un regard qu’elle savait bienveillant.
« − J’ai fait un grand voyage pour voir l’Océan », murmura la grenouille. « Mais l’Océan ne ressemble pas à ce que j’avais imaginé et il me fait peur ! »
Kermita baissa la tête, un peu honteuse. Elle se sentait seule et perdue. C’est sa foi en elle-même qui l’avait abandonnée.
« Je voudrais rentrer chez moi ! », pleura Kermita. « Je ne peux pas faire des bonds dans l’Océan. C’est trop grand, trop froid, trop salé ! Je m’enfonce et perds patte, dès que j’essaie de plonger dans les vagues… », ajouta Kermita dans un coassement plaintif.
Le grand albatros s’approcha de Kermita. À côté de lui et de ses grandes ailes blanches, la petite grenouille paraissait encore plus chétive et fragile.
« − Tu sais, petite grenouille, il n’est pas si facile de changer d’univers, je le sais bien. Un jour, des pêcheurs ont voulu me faire marcher sur leur bateau, mais, avec mes ailes immenses j’ai perdu l’équilibre et je suis tombé. Les hommes d’équipage se sont moqués de moi et de ma maladresse. Mais heureusement j’ai réussi à me libérer et j’ai volé loin du bateau. Là haut, tout en haut du ciel, j’ai retrouvé mon aisance et ma liberté. C’est là que je suis bien, dans le ciel, là où je peux déployer mes ailes… »
Kermita écoutait avec attention les sages paroles de l’albatros. Il lui semblait qu’elle n’avait jamais rien entendu de plus censé.
« − Mais où est ma place, à moi ? », questionna Kermita, inquiète.
« − Tu es seule à le savoir », répondit l’albatros qui, en une fraction de seconde, poussa sur ses grandes ailes blanches et s’envola vers l’horizon.
L’albatros avait disparu. À nouveau, Kermita se retrouva seule, blottie dans un renfoncement de son rocher, asile fragile au milieu du vaste Océan.
« − Jusqu’à maintenant, je n’ai jamais eu peur de rien ! », s’exclama la petite grenouille. « Et c’est pas maintenant que ça va commencer ! », brandit-elle, retrouvant la virulence et l’assurance qu’elle avait toujours eu jusque là.
« − Ma nature à moi, c’est de sauter. Sauter à la surface de l’eau, sans jamais m’y enfoncer complètement », se répéta Kermita avec fermeté.
Appuyant sur ses pattes arrière, la petite Kermita prit de l’élan. « Bong ! Bong ! » Elle sauta largement au-dessus de son rocher. « Bong ! Bong ! Bong ! », tirant davantage sur ses pattes, elle bondit vers un autre rocher se trouvant à quelques mètres de là. « Bong ! Bong ! Bong ! Bong ! » Avec plus de force encore, elle appuyait sur ses membres inférieurs, trouvant l’énergie de s’élancer très haut et très loin.
De rocher en rocher, Kermita réussit à longer la côte bretonne. Loin de perdre de sa hardiesse, elle en gagnait au contraire à chaque nouveau bond. « Bong ! Bong ! Bong ! » Kermita sautait toujours plus haut, plus loin, plus fort.
« Bong ! Bong ! Bong ! Bong ! » Kermita, de bond en bond, se sentit quasiment voler vers le ciel. Elle était si haut dans les airs qu’elle réussissait à gratter les nuages et à goûter leur parfum si frais. Plus haut, toujours plus haut, Kermita bondissait vers les cieux.
Tout d’un coup, Bong !
Kermita fit un bond immense. Si immense qu’elle percuta un avion qui traversait le ciel.
Heureusement elle toucha l’avion au niveau d’un tout petit trou ouvert dans la carcasse de l’avion d’acier. Le trou était minuscule, mais Kermita était si petite qu’elle s’y faufila sans difficulté. Remontant la paroi de métal, elle sentit soudain qu’elle baignait dans un liquide au goût âcre de l’eau de Javel. Surprise, Kermita bougea ses pattes pour remonter à la surface. Se hissant jusqu’à l’air libre, elle eut l’étonnement de se voir arriver au milieu d’une cuvette de WC.
Kermita se trouvait dans les toilettes de l’avion ! Sur son rocher au milieu de l’Océan, elle avait bondi si fort qu’elle avait réussi à atteindre un avion de grande ligne qui traversait l’Océan Atlantique.
Kermita crachota l’eau sale dans laquelle elle avait improvisé une baignade improbable. Elle bondit jusqu’au sol et, tout doucement, se glissa au-dessous de la porte des toilettes. Elle était si petite qu’elle franchit sans problème l’obstacle et se retrouva dans les couloirs de l’avion.
« Bong ! Bong ! » Kermita essayait d’étouffer les bruits de ses bonds pour pas attirer l’attention des passagers endormis.
Mais Kermita savait que l’avion n’était pas si grand et qu’elle ne pourrait pas s’y promener à l’envi. Tout d’un coup, elle leva la tête et elle distingua dans une rangée de sièges, une toute petite fille qui dormait, recroquevillée sur elle-même. Kermita ne savait rien de cette petite fille, emmitouflée dans une chaude couverture. Elle n’arrivait pas à distinguer avec exactitude la couleur de ses cheveux – bruns, sans doute – et de ses yeux – marron ou émeraude ? Mais Kermita sut tout de suite que cette fillette deviendrait son amie. Son amie pour la vie. Son amie de liberté et de rêves. Kermita ne pouvait expliquer la raison de sa certitude. Mais elle savait qu’elle ne se trompait pas.
D’un bond, Kermita sauta sur le siège et vint se glisser délicatement entre les bras de la petite fille. Là, dans cette place tranquille et moelleuse, il y faisait tout chaud, tout bon, tout doux. Dans ces bras-là, dormaient la légèreté de l’enfance et la douceur intrahissable des rêves merveilleux.
Bercée par les bras chaleureux de l’enfant, Kermita s’endormit. Elle ne se réveilla que bien plus tard, lorsque la petite fille ouvrit les yeux à son tour.
La fillette ne sursauta pas lorsqu’elle aperçut la petite grenouille entre ses mains, lovée contre son ventre. À vrai dire, elle s’en étonna à peine, comme si la fillette attendait sa nouvelle amie depuis toujours.
« − Qui es-tu, petite grenouille ? », demanda la petite fille.
Tout le monde croit que les petits bébés ne savent pas parler, mais la vérité, c’est qu’ils parlent un langage que les adultes ne savent pas décoder et que seuls les animaux comprennent.
« − Je m’appelle Kermita ! », coassa Kermita, avec fierté.
« − D’où viens-tu, Kermita ? »
La fillette regardait la petite grenouille avec tendresse. Alors Kermita raconta à l’enfant toute son histoire. Sa naissance dans le lac des Buttes-Chaumont, son voyage le long des routes et sa rencontre effrayée avec l’immensité de l’Océan.
La petite fille écoutait avec attention.
« − Alors comme ça tu ne peux pas vivre dans l’Océan, comme tu l’as rêvé ? C’est triste… », s’exclama la petite fille, le regard affecté.
Mais d’un seul coup, les yeux de la fillette s’illuminèrent joyeusement. L’air malicieux, elle se pencha sur la petite grenouille et elle lui murmura à l’oreille :
« − Tu sais, si tu acceptes de rester avec moi pour toujours, je crois que tu connaîtras l’Océan pour toujours… »
« − Pourquoi ? Tu vas vivre près de l’Océan ? »
« − Non », répondit la fillette. « Je suis dans l’avion avec mes parents pour aller m’installer à Montréal, au Québec. À cet endroit du Canada, il y a un grand fleuve, mais il n’y a pas d’Océan. »
Kermita regarda la petite fille en roulant ses yeux d’étonnement. Elle ne comprenait pas où l’enfant voulait en venir.
« − Je vais te dire un secret », chuchota l’enfant.
La fillette s’approcha tout près de l’oreille de la petite grenouille et murmura :
« − Mon secret, c’est que je m’appelle Océane ! ».
Océane ? Ce joli prénom fut comme une caresse aux oreilles de Kermita. Avec tendresse, la petite grenouille vint se blottir tout contre Océane et, doucement, répéta le poétique nom de sa nouvelle petite amie. Océane…
Dans les bras de la fillette, Kermita ferma les yeux. « Océane », répétait-elle. Dans la chaleur de ces bras d’enfant, Kermita la grenouille comprit qu’elle avait enfin trouvé l’immensité de ses rêves d’Océan et la liberté de ses espoirs d’avenir.
Kermita s’endormit aussitôt, la tête contre le visage de la petite Océane. Là, dans ces bras-là, Kermita avait trouvé enfin sa place. Sa place rien qu’à elle.

Doudou Chat

Doudou Chat est le le premier de tous les doudous sortis de mes machines. Doudou inaugural, son histoire a la forme d'un manifeste dans lequel on apprend le pourquoi du comment.
Doudou Chat a été fabriqué pour un très grand garçon qui n'a plus tout à fait l'âge de dormir avec des peluches. Monsieur Moun, petit mari de madame Moun, devait partir à l'autre bout du monde, sur un autre continent dans un autre hémisphère, pour travailler à des choses très sérieuses. Madame Moun a eu l'idée de lui confectionner un joli doudou d'homme d'affaires, juste pour ne pas que, si loin, le mari oublie son épouse...

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Le doudou pour mari

Un soir, monsieur Moun rentra de son travail le dos courbé et le regard triste. Madame Moun, à qui rien n’échappe, comprit tout de suite que quelque chose n’allait pas.
« Que se passe-t-il, Moun ? », interrogea-t-elle, l’air inquiet.
Monsieur Moun observa le bout de ses chaussures, comme pour trouver le courage d’annoncer la nouvelle à sa femme. « C’est que, expliqua-t-il d’une voix émue, je vais devoir partir très loin pendant très longtemps pour mon travail. » « Ah… », s’exclama madame Moun, sans oser interpréter les paroles de son mari. « Oui, désespéra monsieur Moun en prenant sa femme dans ses bras. Mon patron m’envoie en Afrique du Sud et je pars demain. Je vais être loin de toi pendant trois semaines ! » Un sanglot étouffé fit trembler les lèvres de monsieur Moun. Madame Moun serra plus fort son mari contre sa poitrine. Elle était triste, elle aussi, mais elle savait qu’elle devait avoir du courage pour deux.
Depuis qu’ils s’étaient rencontrés, il y a des années de cela, monsieur et madame Moun ne s’étaient jamais quittés plus de quelques heures et n’avaient jamais passé une seule soirée l’un sans l’autre. Chaque nuit, monsieur Moun plongeait son visage dans la longue chevelure de sa femme et c’est seulement prisonnier des fins liens de ses cheveux dorés qu’il arrivait à trouver le sommeil.
Comment monsieur Moun allait-il pouvoir s’endormir là-bas, tout au bout d’un autre continent, sans la douceur de madame Moun ?
Cette nuit-là, ni monsieur Moun ni madame Moun ne purent fermer les yeux. De son côté du lit, Monsieur Moun se tournait et se retournait dans les draps. De son autre côté du lit, madame Moun faisait de même, si bien qu’au lieu de la quiétude habituelle, le couple ne cessait de se donner des coups. « Aïe ! » s’écriait monsieur Moun. « Ouille ! » rétorquait madame Moun. Mais le sommeil ne venait pas pour autant.
Mais au petit matin, madame Moun se redressa dans le lit. « J’ai trouvé ! » s’exclama-t-elle avec fébrilité. Elle alluma la lumière et sauta dans ses chaussons. « Où vas-tu ? » demanda monsieur Moun, les yeux encore un peu embrumés par la nuit. « Je vais te fabriquer un doudou pour que tu ne sois pas seul pendant ton voyage ! » « Un doudou ? » Monsieur Moun s’assit sur le lit, profondément scandalisé. « Mais voyons, Line (c’est le petit nom de madame Moun, dans l’intimité), je ne suis plus un bébé ! J’ai passé l’âge de dormir avec un ours en peluche ! »
Mais madame Moun n’écoutait pas son mari. Elle était déjà en train de farfouiller dans les placards pour y chercher sa vieille machine à coudre poussiéreuse et y trouver du fil et du tissu. Le soleil se levait à peine sur la ville. Mais madame Moun, les lunettes tendues sur le bout de son nez, s’était déjà transformée en couturière appliquée. Pschuit, fit-elle en déchirant violemment un joli tissu rouge avec des fleurs et des chats noirs. Couitch, ajouta-t-elle en tournant fermement la canette de fil. Pic pic pic, continua-t-elle en appuyant fortement sur le pied de la pédale de la grosse machine à coudre. Sous ses doigts agiles, un petit chat noir prenait naissance. Il avait un regard fleuri, des moustaches malicieuses et un grand cœur rouge cousu sur le bas de son ventre noir.
Monsieur Moun, encore en pyjama, vint se pencher sur le travail de sa femme, le regard émerveillé. « Ne l’emplis pas trop avec le bourrage », murmura-t-il tandis que madame Moun enfouissait de coton le corps de tissu du chat noir. « Il faut que mon doudou puisse entrer dans mon sac ! »
Quelques heures plus tard, le doudou de monsieur Moun était prêt. Monsieur Moun le cala dans sa valise, entre ses dossiers importants et son ordinateur. Lorsque le chauffeur de taxi vint chercher monsieur Moun pour le mener à l’aéroport, madame Moun aperçut qui dépassait de la valise de son mari une petite patte rouge. Madame Moun était triste de voir partir son mari, mais elle sourit malgré tout. Grâce au Doudou Chat, elle savait qu’il ne pouvait rien arriver de grave à son mari. Dans les fils du doudou, elle avait dissimulé quelques uns de ses longs cheveux et, avec eux, tout l’amour qu’elle avait pu piquer au bout de son aiguille.
Le Doudou Chat de monsieur Moun remplit parfaitement son rôle. Lorsque monsieur Moun arriva dans sa chambre d’hôtel, là-bas, à Cape Town, à l’autre bout du monde, son premier geste fut de sortir son doudou du sac. Après une quinzaine d’heures de voyage, le tissu était tout froissé. Mais Doudou Chat avait le regard confiant et, monsieur Moun, fut tout de suite apaisé. Il poussa du lit le grand oreiller blanc, posa à sa place Doudou Chat et installa doucement sa tête sur celui-ci. Monsieur Moun s’endormit aussitôt, bercé par le doux parfum de madame Moun et caressé par le grand cœur rouge du doudou.
Le lendemain et tous les jours suivants, monsieur Moun était en grande forme à toutes à les réunions de son entreprise. Plein d’énergie et de vigueur, il participait avec enthousiasme à toutes les conférences et tous les congrès internationaux organisés par sa compagnie. Doudou Chat, chaque nuit, lui donnait la confiance dont il avait besoin pour affronter les longues journées de travail. Ses collègues, bien au contraire, semblaient chaque jour un peu plus taciturnes et abattus, comme s’ils avaient apporté avec eux là-bas, tout là-bas en Afrique du Sud, une demie tonne d’affliction et de tristesse.
Un soir, son collègue japonais, monsieur Yamatatokomayaki, vint frapper timidement à la porte de sa chambre d’hôtel. « Bonsoir, Moun-San ! », dit monsieur Yamatatokomayaki en s’excusant de déranger. Monsieur Yamatatokomayaki, gêné, ne savait pas comment aborder le sujet de sa visite. Enfin, après moult circonvolutions et formules de politesse, il finit par se lancer : « Excusez-moi, Monsieur Moun, mais je me demandais… comment faites-vous… enfin, comment faites-vous pour être aussi en forme alors que vous êtes dans un pays inconnu, loin de chez vous et de votre famille ? » Lui-même surpris par l’audace de sa question, monsieur Yamatatokomayaki rougit jusqu’aux oreilles et ponctua son interrogation d’une courbette qui le fit se pencher quasiment au niveau du tapis.
Monsieur Moun hésita. Devait-il révéler son secret ? Mais monsieur Yamatatokomayaki avait l’air si désemparé qu’il eut pitié de lui. « Venez, entrez ! », murmura monsieur Moun, en poussant son collègue dans sa chambre, non sans avoir vérifié à plusieurs reprises que personne ne les avait vus dans le couloir. Aussitôt dans la chambre, monsieur Yamatatokomayaki aperçut le Doudou Chat qui trônait sur le lit de monsieur Moun. « Voici le secret de ma réussite ! », s’exclama monsieur Moun en suivant le regard de son collègue nippon. « Ma femme m’a confectionné un doudou et, grâce à lui, je ne me sens jamais seul et je n’ai pas le mal du pays ! », expliqua-t-il. Monsieur Yamatatokomayaki laissa échapper un grand « Ahhhhhhhhhhh ! ». C’était un « Ahhhhhhhhh ! » à la fois de soulagement et d’émerveillement. Un « Ahhhhhhhhhhhh ! » un petit peu jaloux également.
Monsieur Yamatatokomayaki prit congé de monsieur Moun, après l’avoir remercié une bonne douzaine de fois. Il courut jusqu’à sa chambre, sortit de sa poche son téléphone portable et, sans se soucier du décalage horaire, téléphona à Tokyo, à sa femme. « Je veux un Doudou Nekko ! », commanda impérieusement monsieur Yamatatokomayaki, sans aucune formule d’entrée de politesse. « Un Doudou Nekko à moustaches et avec un cœur brodé sur le ventre… afin de pouvoir le câliner lorsque je serai loin de toi », ajouta-t-il avec un peu plus de douceur dans la voix.
Cette nuit-là, au 15e étage d’un building de Tokyo, madame Yamatatokomayaki sortit de derrière son futon sa petite machine à coudre. De l’autre côté de la cloison, malgré l’heure indue, les voisins entendirent un grand Pschuit lorsque madame Yamatatokomayaki déchira une vieille manche de kimono. Ce Pschuit fut suivi d’un discret Couitch lorsqu’elle tira d’une grosse bobine du fil couleur des cerisiers en fleurs, avant que de rythmés pic pic pic vinrent résonner dans la petite pièce. Quelques heures plus tard un Doudou Neko, version nippone du Doudou Chat, attendait dans un colis de la Poste, prêt à s’envoler loin, très loin, là-bas vers l’Afrique du Sud.
Les semaines passèrent. Monsieur Moun rentra en France et retrouva madame Moun et la douceur nocturne de sa chevelure. De son côté, monsieur Yamatatokomayaki rentra au Japon et retrouva madame Yamatatokomayaki et la tendresse délicate de ses mains. Quelque temps plus tard, lors d’un salon international qui avait lieu à Sidney, en Australie, monsieur Yamatatokomayaki rencontra monsieur Mac Gregor. Monsieur Mac Gregor, loin, si loin de son Écosse natale, était triste. « Mais comment faites-vous, monsieur Yamatatokomayaki, pour garder ainsi la forme, si loin de chez vous ? », demanda l’homme d’affaires écossais à l’homme d’affaires japonais. Monsieur Yamatatokomayaki sortit de son attaché-case son Doudou Nekko et lui révéla le secret du doudou cousu main. « Fantastic ! » s’écria monsieur Mac Gregor qui s’empressa de téléphoner à sa femme, malgré le décalage horaire, pour lui commander à son tour un Doudou Cat, cousu avec amour dans la chute d’un kilt écossais.
Les secrets, même les plus confidentiels, ne sont jamais bien gardés longtemps, c’est bien connu. Quelques jours plus tard, lors d’un congrès à Atlanta, aux États-Unis, monsieur Mac Gregor parla à monsieur Chi-Xanyi de son doudou secret et, aussitôt, sur un autre continent un Doudou Mao fut confectionné en urgence par madame Chi-Xanyi, à Beijin, dans un joli tissu chinois satiné. Une semaine plus tard, monsieur Chi-Xanyi, lors d’une conférence spéciale organisée à Sao Paulo, au Brésil, confia à sa collègue allemande, madame Helderberg, le secret de son doudou et, à aussitôt, à des milliers de kilomètres de là, à Berlin, monsieur Helderberg fut réveillé dans son premier sommeil par les ordres impérieux de sa femme qui lui commandait par voie téléphonique de se mettre aussitôt à la couture pour lui confectionner au plus vite un Doudou Kater salvateur. De scènes semblables ne tardèrent pas à se produire à tous les coins de la planète, chaque soir où avait lieu un congrès international dans une grande ville du monde. Ainsi, à quatre heures du matin, des Doudous Gatos furent cousus ardemment dans des chutes de robes de flamenco à Madrid, des Doudous Muus furent coupés diligemment dans du tissu chamarré de boubou africain à Dakar ou encore des Doudous Qit furent réalisés urgemment dans la soie colorée d’un tchador à Damas.
Quelques mois plus tard, les maîtres d’hôtels et les grooms des grands hôtels accueillant les hommes et femmes d’affaires internationaux firent tous le même constat : les valises de ces hommes en cravate et de ses femmes en tailleur strict étaient toutes légèrement plus bombées sur un des côtés, duquel dépassait parfois une patte ou une oreille de soierie ou de coton imprimé. La vérité, c’est que désormais tous les messieurs et toutes les dames voyageant pour affaires dans de grands congrès internationaux apportaient avec eux, dissimulé dans leurs bagages, leur doudou fétiche, confectionné avec amour et attention pour leur conjoint laissé à l’autre bout du monde. Par le jeu du bouche à oreille, c’est un peu comme si le Doudou Chat de monsieur Moun avait fait des petits et s’était reproduit à des milliers d’exemplaires, tous aussi originaux les uns que les autres, dans tous les coins du monde.
Depuis quelques temps, on raconte dans les journaux financiers que c’est la crise économique et que les bourses des grandes capitales mondiales sont en chute libre. « C’est la récession ! », murmurent discrètement les politiciens alarmistes. « C’est le crack boursier ! », ajoutent les économistes en prenant un air catastrophé. Chacun avance des explications en usant de termes économistes compliqués. Mais la vraie raison de cette désorganisation des marchés financiers est toute autre. Elle se cache en vérité dans les valises bombées des cadres en voyage d’affaires à l’autre bout du monde. En effet, l’autre jour, alors que je passais devant un grand hôtel parisien, j’ai aperçu par la fenêtre de la salle de conférence, bien sagement assis autour d’une table ronde, des Doudous Chats en réunion. Ils ne faisaient pas de bruit, parce que les doudous ne peuvent pas parler, tout le monde le sait. Mais ils semblaient concentrés, les pattes rivées sur les écrans d’ordinateur et les yeux accrochés à l’image ennuyeuse d’un document Power-Point avec des tas de chiffres et de graphiques de couleur. Dans la salle de réunion, aucune trace des hommes d’affaires. En revanche, je crois avoir croisé ceux-ci au café du coin, devant une triple portion de glace à la vanille pour certains, et derrière le tableau lumineux d’un flipper pour d’autres. Ces hommes et ces femmes d’affaires ne semblaient pas perturbés d’être si loin de chez eux. Ayant confié à leurs doudous cousus mains tous leurs soucis, ils paraissaient même drôlement détendus…
Je sais que les doudous sont des experts en câlins et en réconforts. Mais je doute un petit peu de leurs compétences en matière économique et financière. En tous les cas, de toute évidence, les doudous des maris font désormais le travail à leur place et gèrent pour eux les dossiers lourds et complexes. Puisqu’il en est ainsi, j’ai suggéré à madame Moun d’exiger de son mari qu’il lui fabrique à elle aussi un doudou qui saurait effectuer à sa place toutes les tâches ingrates, comme le ménage et le repassage, et qui lui permettrait de faire du shopping avec ses copines pendant que monsieur Moun est en voyage. Madame Moun a trouvé l’idée excellente.


Machine à coudre, machine à écrire

Quand on y pense, y a-t-il tant de différences que cela entre une machine à coudre et une machine à écrire ? Certes, l'une a une pédale, et l'autre pas. Mais toutes deux ont des touches, même si l'une en a bien plus que l'autre et, si on alimente l'une avec du fil et du tissu, on nourrit l'autre avec de l'encre et du papier. Mais hormis ces différences notables, machine à coudre et machine à écrire, si on sait les manier avec une certaine délicatesse, ont l'immense pouvoir d'inventer des objets et des personnages qui n'existent pas tout à fait dans la réalité. Un beau tissu, quelques coups de ciseau et des lignes de fils colorés pour assembler astucieusement le tout... et voilà un petit doudou inédit, au ventre ouaté et prêt à être câliné par qui voudra l'adopter ! Deux ou trois idées capturées avant que l'imagination se perde dans les rêves, quelques lignes griffonnées sur un coin de brouillon et de jolis mots bien agencés pour assembler miraculeusement le tout... et voilà un personnage tout nouveau, venant donner vie au bonhomme de tissus fabriqué par la machine à coudre !
C'est là une vérité insoupçonnée : entre le tissu et le papier, il n'y a qu'un tout petit pas que je m'amuse à franchir. Je crée des doudous et je leur invente des histoires. Ou plutôt mes doigts fabriquent des doudous qui, eux-mêmes, deviennent vivants et me soufflent à l'oreille leur histoire, souvent inspirée de petits détails de la vie de celui à qui ils sont destinés. En vérité, je n'invente rien : j'écris sous la dictée. Et, même si ma machine à écrire ressemble plutôt à un ordinateur, je suis persuadée qu'entre la machine à coudre et la machine à écrire il y a un fil invisible sur lequel viennent se nouer de jolies histoires.
Si vous voulez vous aussi recevoir votre doudou et son histoire personnalisée, vous pouvez m'écrire ici. Je demanderai à mes deux machines à créer : elles devraient venir me donner un coup de main et vous concocter un petit personnage rien que pour vous ou votre petit bout !