mercredi 27 mai 2009

Presque comme un livre

Aujourd'hui, on dématérialise, on numérise, on PDFise. Et puis on se fait des frayeurs en se disant qu'un jour avec tout ça on en oubliera le papier. Mais bon, en vrai, on aime trop encore les pages qui se tournent. Alors, pour allier le progrès à la tradition, les informaticiens ont inventé les livres dont les pages se tournent à l'écran. Si, si !

Avant, c'était réservé aux magazines ou aux catalogues. Mais avec ce site, on peut gratuitement transformer un PDF en presque-livre et le donner à consulter avec une facilité effarante.

J'ai testé le produit avec l'histoire des Zloops (illustrée par Coralie) : cliquez ici. Et puis aussi avec l'histoire de Thibaut au pays des livres (illustrée par Estelle) : cliquez ici.

Le problème, c'est que pour ces deux projets, les mises en pages fonctionnent en doubles pages déjà, donc à l''écran cela nous fait des doubles pages de quatre pages (vous me suivez ?!). Mais bon, les effets de pliures et d'ombres du papier, ça rend pas si mal !

Essayez donc ! Le site s'appelle Issuu. C'est en anglais, mais tout y est très clair.

mardi 26 mai 2009

Une vieille histoire

"Elle se regarde dans le miroir et, comme toi, elle pense qu'elle est belle. Son visage raconte plein d'histoires. Elle voit les lignes que les années ont tracées. Il y a les rides autour de la bouche qui ont été gravées par trois quarts de siècle de sourires et de rires. Autour des yeux, certaines témoignent de bonnes blagues, d'autres de larmes, de soucis, de mauvais jours. Il y a même les rides de tendresse et de l'amour. Elle voit la blancheur qui a arraché la victoire sur sa forêt de cheveux noirs. Tant pis ! Elle a toujours aimé changer de tête. Elle voit sa peau fripée. Elle sent ses os fragiles, ses muscles épuisés. Jeune, elle pouvait cacher sa mauvaise humeur avec son rouge à lèvres, son fond de teint, sa belle robe ; mais maintenant, elle est contente de montrer son visage décoré de mille histoires, cent mille poèmes, cinq cent mille soucis et d'une bonne poignée de plaisanteries."
Susie Morgenstern, Une vieille histoire, Kid Pocket, 1997, pages 14-15.

Une vieille histoire ou l'histoire d'une vieille ? On ne sait pas très bien à vrai dire. L'héroïne n'a pas de nom. Elle est seulement une 3e personne du singulier. Mais elle est si singulière pour le jeune lecteur qui, à l'autre bout des années, lit sa vie dans ce petit récit de Susie Morgenstern.
Une toute petite histoire sur le temps qui a passé et la vieillesse qui a gagné. De grandes émotions.

"Elle a vu la beauté du paysage et l'inconfort de la route. Son voyage était dur, son voyage était doux. Elle n'a pas envie de repasser par le même chemin. Et elle sait qu'il n'y a qu'un seul chemin. Celui que l'on prend."
Ibidem, page 46.

Thibaut à la bibliothèque - 4e épisode

Pour le début du dessous de l'histoire de Thibaut à la bibliothèque, voir ici.
Trève de blabla ! Le quatrième épisode des aventures de Thibaut sera l'histoire elle-même ! Voilà, pour lire notre petite histoire, il faut cliquer ici.

On espère que l'histoire plaira au petit Thibaut ! Personnellement, j'aimerais bien que ce dessous de l'histoire ait un 5e épisode : celui de la réception du texte par son(ses) lecteur(s) !

dimanche 24 mai 2009

Souvenirs, souvenirs

Hier, j'ai farfouillé dans les placards de la grande maison de la campagne. J'ai retrouvé quelques bouquins d'un autre âge, dont Le Petit Manuel de Candy qui a longtemps été ma bible (oui, bon, merci, on ne se moque pas !).

Et puis j'ai retrouvé aussi... toute ma collection d'Astrapi !Séquence émotion... J'avais tout oublié, et pourtant en tournant à nouveau les pages, je me suis souvenue de tout !
Par exemple, de ce dessin montrant comment faire son sac à dos pour partir en vacances :
Très utile pour se préparer avant le départ en colo !

Pourtant, le milieu des années 1980, c'était vraiment le siècle dernier. Depuis, des petits jeunes se lançant dans l'écriture sont devenus des célébrités de la littérature pour la jeunesse :
Plus de vingt ans après, je suis toujours fan d'Astrapi. Les pages de ce magazine n'ont pas pris une ride... Enfin, sauf quelques unes quand même !

Thibaut à la bibliothèque - 3e partie bis

Pour le début du dessous de l'histoire de Thibaut à la bibliothèque, voir ici.

Pour raconter la mise en illustrations de l'histoire de Thibaut, je laisse ce soir la parole à ma binôme, Estelle !
"Je n'ai pas vraiment de méthode de travail "type". Mais il y a quelques automatismes : comme d'attendre avec impatience l'histoire écrite par l'auteur, comme de lire et relire le texte plein plein de fois, comme de laisser les images venir à moi, comme le découpage du texte, comme les croquis qui ne ressemblent jamais au résultat final.
Et puis au bout d'un certain temps (qui varie en fonction de l'inspiration), tout se met en place : j'ai mon regard sur le texte, j'ai la "tête" de Thibaut, j'ai choisi la technique la plus adaptée.
Et tout s'enchaîne : les crayonnés, la plume, les pinceaux.
Je travaille vite pour ne rien perdre de ce que j'ai en tête. Et sur mon bureau, c'est la pagaille ou l'ébullition plutôt! Croquis, texte découpé, crayonné, notes, encre, aquarelle, gomme, stylo.
Et puis je laisse de côté pendant quelques jours pour revenir avec un œil neuf, ajuster, faire quelques modifications.

Pour "Thibaut au pays des livres", j'ai choisi de mélanger le crayon, l'encre et l'aquarelle. Parce qu'en lisant pour la première fois le texte de Geisha Line, j'ai eu envie de dessins fantaisistes, énergiques, poétiques. Et pour rendre tout ça, il fallait que je joue à l'apprenti chimiste!

J'étais intimidée au moment d'envoyer les illustrations à Geisha Line, est-ce que la maman de papier de Thibaut ne serait pas déçue, frustrée, déstabilisée par mon regard sur son histoire?"

La réponse est non Estelle !! La maman de papier de Thibaut n'est pas déçue, mais au contraire super contente ! Merci !

A suivre : l'histoire - enfin !

vendredi 22 mai 2009

Thibaut à la bibliothèque - 3e partie

Pour le début du dessous de l'histoire de Thibaut à la bibliothèque, voir ici.

Pour le 3e épisode des aventures de la naissance de l'histoire de Thibaut au pays des livres, je serai bien moins bavarde que les fois précédentes (qui a dit "tant mieux !" ?!!). Le 3e épisode concerne en effet l'illustration du texte, et donc il revient à Estelle de parler de la façon dont elle a reçu le texte et s'est débattue avec lui pour en faire naître des images.
J'ai tendance à penser (peut-être à tort) qu'une fois écrit mon texte ne m'appartient plus tout à fait. Il appartient à ses lecteurs et l'illustrateur est le tout premier de ces lecteurs - et sûrement un des plus attentifs qui soit.
Je n'ai encore qu'une toute petite expérience de la collaboration avec un illustrateur. Pour le moment, j'ai toujours laissé l'illustrateur décider de la nature de notre collaboration : s'il me sollicite pour avoir mon avis, mes idées sur la mise en page, j'interviens avec grand plaisir. Si non, je reste en retrait et j'observe discrètement de loin son travail. Je ne veux pas imposer à l'illustrateur les images que j'ai dans ma tête : son métier est d'inventer des images, trouver des formes, imaginer des couleurs... ce n'est pas le mien !
J'aime être surprise par les dessins que je reçois. Lorsqu'il gagne ses illustrations, le texte naît en quelque sorte une seconde fois et cette seconde naissance est tout aussi palpitante que la première, même si j'en suis cette fois-ci plus la spectatrice que l'auteur !

Pour l'histoire de Thibaut à la bibliothèque, Estelle a travaillé seule de son côté. J'ai reçu un matin dans ma boite aux lettres quelques unes de ses illustrations :

Ma réaction a été de m'écrier : "Super !" Thibaut ne ressemblait pas vraiment au petit garçon que j'avais imaginé en écrivant son histoire. Pourtant l'univers foisonnant et un peu fou créé par Estelle collait parfaitement à l'histoire. Je retrouvais mon texte initial, et en même temps celui-ci prenait soudain une toute nouvelle dimension. Miracle de la deuxième naissance !

J'avais dit que je serai moins bavarde pour ce 3e épisode... Donc je laisse le soin à l'illustratrice de raconter maintenant sa vision de l'histoire !
La suite la semaine prochaine avec Estelle !

mercredi 20 mai 2009

Thibaut à la bibliothèque - 2e partie

Pour le début du dessous de l'histoire de Thibaut à la bibliothèque, voir ici.

Une fois que l'histoire a grandi dans la tête, il n'y a plus qu'à l'écrire, disais-je hier. Certes, y'a plus qu'à ! Oui, mais en fait, ce n'est pas si simple...

La mise en écriture de l'histoire est le moment de la révélation : soit ça marche et tout part sur des roulettes... soit ça casse ! Dans ce dernier cas, l'histoire qui paraissait hyper claire et parfaitement calée lorsqu'elle n'existait qu'à l'état d'ébauche et de brouillon semble échapper à son auteur une fois qu'il s'agit de la faire entrer dans les mots : rien ne se passe comme prévu, les personnages prennent des postures inattendues, la trame narrative se distend jusqu'à finir parfois en queue de poisson. Bref, c'est la déception ! Les mots semblent rétifs à l'histoire qu'on avait construite dans sa tête : tout se passe comme si l'histoire se refusait de venir à l'existence. Pourquoi ? Peut-être les personnages n'étaient-ils pas assez solides, le récit pas assez bien ficelé... Ou peut-être est-on parti dans une mauvaise direction dès le départ. Si bien que tout est à recommencer... ou à abandonner !

Mais pour l'histoire de Thibaut, heureusement, tout s'est bien passé pour moi cette fois-ci. J'ai trouvé plutôt facilement la "voix" avec laquelle raconter l'histoire du petit personnage et, dès les premières lignes, j'ai senti que cette fois-ci le récit ne m'échapperait pas. Peut-être parce que je l'avais longuement "répété" dans ma tête avant de me mettre à l'écrire...

Sauf qu'écrire n'est pas si facile quand on a une vie à côté - une famille, un boulot, des contraintes du quotidien. La vie matérielle appelle à grands cris et, la plupart du temps, il n'est pas possible d'ignorer ses ordres. C'est ce qui s'est passé avec l'histoire de Thibaut. Un matin très tôt, je me suis mise à mon ordinateur pour écrire l'histoire... mais après avoir écrit à peine une page, j'ai été dérangée par des activités sans aucun rapport avec l'écriture. J'ai dû abandonner mon petit Thibaut dans un coin de mon ordinateur. Et il a fallu près de dix jours avant que je ne trouve le temps de me consacrer à nouveau à lui.

Ainsi, dix jours plus tard, un dimanche après-midi, j'ai allumé mon ordinateur, ouvert à nouveau le fichier dans lequel j'avais commencé l'histoire de Thibaut, relu et corrigé ce que j'avais écrit. Puis j'ai écrit toute la suite d'un seul trait. Je me suis relue une fois, deux fois, trois fois, corrigeant à chaque fois des mots et des phrases.
J'ai ensuite envoyé mon histoire à Estelle, l'illustratrice.
Et je l'ai oubliée (l'histoire... pas Estelle !).

Oubli sain et absolument nécessaire. Un mois plus tard, après de longues vacances complètement dépaysantes, j'ai ressorti l'histoire de Thibaut qui avait dormi tout ce temps dans l'ordinateur. J'ai imprimé le fichier, puis je l'ai relu. Une fois, deux fois, trois fois, plusieurs fois. Avec le recul du temps, mon histoire m'apparaissait comme écrit par quelqu'un d'autre. Plus facile ainsi de voir les mots qui ne conviennent pas, les répétitions, les phrases un peu bancales.
J'ai pris un crayon et j'ai raturé mon texte. Pas beaucoup, mais un peu quand même. En parallèle, je cherchais un titre - un vrai titre à l'histoire que j'avais appelé jusque là "Thibaut à la bibliothèque". Mais je n'arrivais à rien trouver de satisfaisant...
L'histoire de Thibaut était presque terminée. Ou plutôt, elle était prête à commencer ! Parce que si le texte était écrit, il restait maintenant à lui donner une vie en images. Mais ça, ce n'est plus tout à fait ma part du travail ! Alors j'ai envoyé un petit mail à Estelle et je lui ai demandé : "Alors, Thibaut, il a quelle tête ?"

Bonne question ! La suite... au prochain épisode !


mardi 19 mai 2009

Thibaut à la bibliothèque - 1re partie

Il y a quelques temps a été lancé le projet "Un enfant, une histoire". Chaque enfant d'une classe de CP d'Alsace, à Woerth, a donné une idée d'histoire... qu'illustrateurs et auteurs étaient libres d'attraper au vol pour composer une jolie histoire originale et surtout personnalisée.
Estelle et moi avons d'emblée été séduites par l'idée du petit Thibaut. Cette idée tenait dans une phrase :
"C'est l'histoire d'un petit garçon qui va à la bibliothèque."
Avec cette phrase, le principe de départ était donné. Y'avait plus qu'à ! Sauf que les idées ne viennent pas comme ça, d'un claquement de doigts. Il faut les laisser lentement mûrir. Comme un bon fruit, comme un bon vin.
Alors j'ai recopié la phrase de Thibaut dans mon carnet d'idées. Mon carnet d'idées est un beau carnet bleu, dont la couverture est adaptée de l'album Le voleur et le magicien, édité chez Gautier-Languereau. Depuis quelques mois, je le trimballe partout dans mon sac à main et, dès qu'une idée surgit, hop, je la note en me disant, "tiens, peut-être que j'en ferai quelque chose un jour !"
Mon carnet d'idées
Parfois, il faut attendre des mois, voire des années, pour qu'une idée surgisse et surtout prenne l'ampleur qui pourra la transformer en histoire. Pour l'histoire de Thibaut, c'est venu très vite. Sans doute à cause du sujet lui-même : les bibliothèques !
Car je m'y connais en bibliothèques ! Lorsque j'étais petite, mes parents achetaient très peu de livres. Mais j'étais une grande lectrice (avant même de savoir lire), car, depuis mon plus jeune âge, mes parents m'amenaient à la bibliothèque. Ils me laissaient en bonne compagnie avec un livre, du côté des enfants, et allaient fureter de l'autre côté, dans la section "adultes". Je me sentais chez moi à la bibliothèque et j'aimais faire mille et une découvertes, navigant entre les livres, rêvant derrière les images et les mots.
Lorsque Thibaut a "commandé" l'histoire d'un petit garçon allant dans une bibliothèque, j'ai aussitôt pensé à moi, petite fille passant mes mercredis après-midis sur les grands coussins de la bibliothèque. C'était une évidence. Mais je me suis dit ensuite : est-ce que Thibaut aime aller à la bibliothèque ? Peut-être n'est-ce pas si sûr... Je connais quelques enfants et encore plus d'adultes qui s'ennuient dans les bibliothèques ou même ont peur, parce que, c'est vrai, parfois les livres font peur - souvent parce qu'on les associe à l'idée de devoir et de contraintes.
Donc, il me fallait écrire l'histoire d'un petit garçon pour qui la fréquentation joyeuse des bibliothèques n'allait pas de soi. Mais comme j'aime les livres et comme j'aime aussi les histoires qui finissent bien, il fallait qu'il arrive au jeune Thibaut quelque chose de fantastique dans cette bibliothèque. Quelque chose qui lui donne envie de revenir souvent parmi les rayons de la bibliothèque.
Alors j'ai cherché... Le soir, avant de dormir, je pensais à Thibaut dans sa bibliothèque. Qu'est-ce qui pouvait bien lui arriver ? Je cherchais... et du coup, pendant deux ou trois soirs j'ai eu du mal à m'endormir !
Ce que je voulais montrer, c'est que les livres semblent parfois être vivants. Au sens propre. Alors je me suis mise à imaginer que les personnages des livres pouvaient sortir de leur enveloppe de papier. Qu'arriverait-il dans la bibliothèque si les personnages qui se cachent dans les pages devenaient des personnes de chair et de sang ? Au début, j'ai voulu faire vivre ainsi toute une foule de personnages - Peter Pan, David Coperfield, La Belle au bois dormant... Et puis je me suis dit que cela ferait peut-être trop et surtout que Thibaut, à 6 ans, ne connaîtrait pas tous ces personnages de la littérature. Il fallait trouver un héros connu de Thibaut et de ses camarades. Alors j'ai pensé à des personnages de contes, et surtout à l'un de mes personnages préférés, que je connais très bien pour l'avoir fréquenté assidûment lors de mes études universitaires : le Petit Chaperon rouge bien sûr ! Je me suis dit que c'était cette petite fille, mignonne et un peu espiègle quand même, qui allait devenir dans mon histoire le "passeur" permettant de franchir le seuil de la réalité pour emmener Thibaut de l'autre côté du miroir des livres.
Les idées se sont enchaînées ensuite quasiment toutes seules. J'ai pensé "chaperon rouge" et donc j'ai pensé également "grand méchant loup". Et puis j'ai pensé à un voyage. Je me suis rappelé que lorsque j'avais l'âge de Thibaut j'adorais écouter le vieux 45 tours qui racontait l'histoire de L'île aux trésors. Alors j'ai pensé à un trésor, à des pirates, à une mer déchaînée, à une île secrète. Et puis, il y avait la phrase "de l'autre côté du miroir" qui me revenait sans cesse. Alors, forcément, j'ai pensé à Alice aux pays des merveilles. Je me suis demandé si Thibaut avait déjà fréquenté la petite Alice, mais je me suis dit que, même s'il ne connaissait pas le roman de Lewis Caroll, la petite fille ferait un parfait double inversé du petit chaperon rouge : le chaperon rouge avait permis à Thibaut de passer du côté du monde des livres... et Alice permettrait exactement l'inverse - retourner dans le monde supposé bien "réel" !
Voilà, un soir d'insomnie, à minuit et quelques, j'avais mon histoire ! Cette fois-ci, y'avait vraiment plus cas l'écrire !
Le lendemain matin, j'ai ressorti mon carnet d'idées. Et j'ai noté la trame de l'histoire que j'avais imaginée. Il y avait encore des points d'interrogation. Mais sur le papier, tout avait l'air de s'enchaîner à peu près bien...
Mon brouillon
A suivre...

lundi 18 mai 2009

Madame Moun a un visage !

En ce moment, quand j'ouvre ma boîte-mails, je fais "wahouhhhh !". Aussitôt après je deviens toute guillerette et j'ai envie de dire à tout le monde "viens voir, viens voir !" Je ne sais pas si les auteurs qui ont vu des dizaines et des dizaines de leurs textes mis en images deviennent blasés lorsqu'ils reçoivent les illustrations des histoires qu'ils ont écrites. Moi, en tout cas, ce n'est pas mon cas ! Je viens de recevoir des illustrations pour deux de mes textes... et je suis émerveillée ! Je trouve cela magique que des mots, sortis tout droit de mon imagination, puissent rebondir dans l'imagination de quelqu'un d'autre et trouver ainsi dans cet échange une seconde naissance, toute en images et en couleurs.

Bref, venez voir ! Il faut que je vous montre ce que j'ai reçu pour que vous puissiez faire "wahouhhhh !" avec moi !
Il y a quelques semaines, je vous donnais à lire un texte inspiré par San-tooshy, "La chasse aux mots". San-tooshy a commencé à l'illustrer. Son style est plein de douceur et de poésie. Moi, j'adore ! Et vous, qu'en pensez-vous ?

Au prochain post, je vous montre l'avancée du projet "Un enfant, une histoire" avec le petit Thibaut et la grande Estelle, grands aventuriers de la bibliothèque devant l'Eternel !


samedi 16 mai 2009

Que feriez-vous ?

Vous avez passé la soirée à écrire un texte qui vous trottait dans la tête depuis quelques jours. Vous le faites lire aussitôt à un monsieur cher et tendre qui vit sous votre toit. Le monsieur a trois réactions :
- il rit... mais ce n'est pas un texte drôle ;
- il soupire, retourne en arrière pour relire des phrases et s'exclame "ah, j'y comprends rien, c'est qui, lui ?"... mais c'est un texte censé être pour les enfants de moins de 3 ans ;
- il finit par conclure en regardant sa montre (il est minuit) : "si, si, je t'assure, chérie, ton texte est très bien !"... mais vous avez du mal à croire le ton de sa voix.
Bref, vous feriez quoi dans ce cas précis ?
Moi, des fois, y'a la touche "SUPPR" de mon clavier qui me démange...

jeudi 14 mai 2009

Concaténation

Bon, les glissades sur les peaux de banane, ça fait rire tout le monde, mine de rien ! Alors, comme souvent, j'ai enchaîné ma première histoire de "patatras" sur une seconde histoire, complètement différente.
Attention, il faut prendre une grande respiration avant de se lancer dans la lecture. J'espère que vous avez du souffle !

Pourquoi je suis tombé
en achetant un service à thé à Grand-Maman

Non, monsieur l’Assureur, je refuse de prendre en charge les frais de porcelaine cassée, car je n’en suis en rien responsable. Je peux vous le prouver !
Tout cela, c’est de la faute de ce papillon !
Aveuglé par le soleil, le papillon a battu des ailes un huitième de seconde plus vite que d’habitude, ce qui a déclenché un léger vent qui a fait bouger un brin d’herbe, provoquant le sursaut d’effroi d’une souris passant par là, ce qui a réveillé le chat qui dormait sous un arbuste et l’a fait filer vers la cuisine de madame Michel qui, en apercevant son chat qu’elle croyait dévoré par le Père Lustucru, a lancé de grands cris de surprise, qui ont paniqué les voisins de madame Michel, les incitant à appeler la police qui a aussitôt débarqué dans un car de CRS, que les journalistes, n’ayant rien d’autre à faire, ont photographié pour titrer le lendemain à la une « Le peuple en révolution », ce qui a affolé le Président de la République, qui a convoqué le jour-même l’Assemblée Nationale en séance extraordinaire pour voter une loi contre les possesseurs de chats perdues, contre laquelle a protesté le Ministre de la Pêche, de la Chasse et des Animaux, qui a aussitôt démissionné, soutenu par le directeur de la SPA et les propriétaires de zoos municipaux, qui ont fait la grève en signe de solidarité, ouvrant les cages des animaux enfermés et libérant le vieil éléphant gris, qui s’est aussitôt rendu dans la boutique de porcelaine, dans laquelle je me rendais pour acheter un service à thé pour Grand-Maman, et qui y a eu un mouvement de trompe malheureux, et…
… Et patatras !

J'avais envie de décrire l'enchaînement des causes et des effets dans une seule phrase, en accumulant à outrance les propositions subordonnées (hé hé, si j'étais prof de français, y'aurait de quoi faire faire un vrai exercice-supplice d'analyse logique grammaticale !!!).
Mais je ne suis pas sûre que ce soit vraiment lisible, cette immense phrase. Vous en pensez quoi ? Comment signifier l'enchaînement des faits, tout en préservant la clarté de l'expression ? (ouh là là, comme je cause bien !).

Sinon, l'effet papillon, "petite cause, grande conséquence" : chez Bénabar, c'est bien mieux !

Claude et non pas François, bien sûr

Les Lucioles ont lancé un atelier d'écriture. Cette semaine, la contrainte est de commencer ou de terminer un texte par l'expression "Et patatras". En lisant le thème, j'ai aussitôt pensé à Vidéo Gag et je me suis dit qu'il y allait y avoir des glissades et des roulades à gogo ! Alors j'ai cherché une chute qui ne soit pas physique. J'ai aussitôt pensé à la chute d'une histoire et je me suis dit que j'allais écrire une histoire qui n'en serait pas une - une sorte de méta-histoire en forme d'art poétique un peu farfelu.
Voilà, ça donne ce texte sans prétention, écrit hier dans le TGV Paris-Nantes, sous les ronflements de mon voisin de siège.

Mon histoire

Bon, ben voilà, c’est décidé. Je vais commencer mon histoire par ces mots-là : « bon, ben voilà ».

– Comment donc ! Tu n’y penses pas, inconscient ! se sont exclamés en cœur Charlpé Rot et Clodmo Riaque en laissant échapper leur plume et leur encrier dans un accès de colère.

– Une vraie histoire commence toujours par « Il était une fois », a annoncé doctement Charlpé.

– … Ou alors, à la rigueur, elle peut débuter par « La marquise sortit à 5 heures », a rétorqué Clodmo d’un air entendu.

– Pfff ! Je fais ce que je veux, c’est moi l’auteur ! ai-je lâché avec assurance sans me laisser démonter.

Dans mon histoire, il n’y aura pas de personnage. Pas de décor non plus, ni même d’intrigue. Le vide absolu : voilà ce qui fera mon histoire !

– Quoi ! Tu n’y penses pas, gamin ! a soufflé dans sa barbe blanche le vieux Vic Torrugot. Dans une vraie histoire, il faut de l’action et des péripéties.

– … Et des gens en costume qui font l’action, a ajouté Charlpé Rot dans un hoquet.

– … Ou du moins qui font semblant, a poursuivi Clodmo Riaque avec malice.

– Et puis quoi encore ! ai-je soufflé, excédé devant ces trois messieurs qui prétendaient me faire la leçon. C’est moi l’auteur, je fais comme je l’entends !

Dans mon histoire, il n’y aura pas de fin. Juste une queue de poisson qui file en douce dans un faux-fuyant. Ça se terminera comme ça, sans qu’on s’aperçoive que ça a commencé !

– Diantre ! Tu n’es pas sérieux, petit prétentieux ! se sont écriés d’une même voix mes trois professeurs, catastrophés.

– Une vraie histoire doit avoir une issue fatale et se terminer dans le sang et la révolte ! a clamé monsieur Torrugot d’une voix sentencieuse.

– … Ou alors se conclure dans les langes et les biberons ! a complété monsieur Rot, expert en faire-parts de mariages et de naissances multiples.

– Taisez-vous donc, messieurs ! Prétendez-vous écrire mon histoire à ma place ? C’est moi l’écrivain, que je sache !

Bon ben voilà, c’est décidé. S’il faut une chute à mon histoire, elle se fera avec fracas et sparadrap. Juste comme ça :

Et patatras !



Je sais bien que ce texte n'est pas pour les enfants. Mais j'ai souvent du mal à m'empêcher des petits clins d'œil littéraires dans mes histoires. J'aime bien les références qui se croisent et les personnages qui se font du coude entre les lignes. Je crois que l'intertextualité - puisque quand on monte des ponts entre les textes, c'est comme ça que ça s'appelle du mot savant - est une source essentielle de mon inspiration. Le plus curieux, c'est que j'intertextualise souvent à mon insu !

Bon, maintenant, honte à moi, dans ma première version du texte, j'avais parlé de "Franz Soimoriaque". Or, l'auteur de La marquise sortit à cinq heures est évidemment pas le père, mais le fils ! L'homme génial qui a passé une partie de sa vie à écrire son journal et une autre partie de sa vie à le découper et à le recoller dans l'illusion d'immobiliser le temps dans un souvenir réinventé.

mardi 12 mai 2009

Le p'tit piou-piou d'Asie

Un après-midi d'avril, à Hahoé, petit village traditionnel de la campagne coréenne, un minuscule oiseau s'est entiché de nous, et est venu composé la bande son de notre voyage. Perché sur le toit d'un temple, regardait-il pleuvoir les fleurs des cerisiers ? Ou bien se moquait-il de nous, pauvres touristes français perdus dans ce village d'un autre temps ?
D'un battement d'ailes, l'oiseau s'est envolé. J'ai continué mon chemin sans rien voir. Sans voir que le petit piou-piou s'était glissé dans ma valise pour m'accompagner au Japon. Là, de moineau, il est devenu canari (et a raté la chirurgie esthétique de son bec... mais ça s'est une autre histoire !).
Maintenant, le petit oiseau d'Asie me regarde taper les lettres sur le clavier. Je dois fermer les yeux très fort et fouiller tout au fond de ma mémoire pour l'entendre à nouveau chanter. Pourtant, je crois qu'il a de saines lectures et qu'il devrait bientôt acquérir à son tour la rage de l'expression.
J'espère qu'il a caché sous ses ailes fleuries quelques jolies histoires et qu'il saura me les souffler discrètement...


"Le mot OISEAU : il contient toutes les voyelles. Très bien, j'approuve. Mais, à la place de l's, comme seule consonne, j'aurais préféré l'L de l'aile : OILEAU, ou le v du bréchet, le v des ailes déployées, le v d'avis : OIVEAU. Le populaire dit zozio. L's je vois bien qu'il ressemble au profil de l'oiseau au repos. Et oi et eau de chaque côté de l's, ce sont les deux gras filets de viande qui entourent le bréchet."
Francis Ponge, La rage de l'expression, "Notes prises pour un oiseau", (c) Editions Gallimard, page 31.

samedi 9 mai 2009

Viens ici que je t'enpapouète

Bon dieu de bon dieu que j'ai envie d'écrire un petit poème
Tiens en voilà justement un qui passe

Petit petit petit

viens ici que je t'enfile

sur le fil du collier de mes autres poèmes

viens ici que je t'entube

dans le comprimé de mes oeuvres complètes

viens ici que je t'enpapouète
et que je t'enrime

et que je t'enrythme

et que je t'enlyre

et que je t'enpégase

et que t'enverse

et que j'enprose
la vache
il a foutu le camp
Raymond Queneau, L'Instant fatal, (c) Éditions Gallimard, 1948.

Madame Moun est repartie à la chasse aux mots. Elle enrime, enlyre et enpapouète. Mais les mots rebelles ne se laissent pas si facilement entuber, que diable !