lundi 22 février 2010

En tandem !

Ça y est, les projets de "Tandem Jeunesse" sont en ligne ! Courrez vite par ici pour lire tous ces beaux projets ! Attention, y'a de quoi lire... et de quoi se régaler ! Mais ce n'était pas étonnant : le thème de ce défi était cette année "cuisines et gourmandises" !

Et pour voir le projet que ma binôme Solenn et moi avons réalisé, cliquez ici : vous pourrez voir tournoyer le "petit poisson de Brune" !

Le temps nous a manqué pour tout finir l'histoire de Brune comme on aurait voulu... Mais n'hésitez pas à nous dire ce que vous en pensez !


vendredi 12 février 2010

Une charrette, un rocher et de belles fesses

Je ne suis pas très présente par ici en ce moment. Pas le temps d'écrire, pas le temps de lire vos blogs... même pas le temps de faire les courses, c'est dire (voici une semaine qu'on racle les fonds du congelo !) ! C'est qu'en ce moment à mon boulot, je suis "charrette", comme on dit. Expression d'ailleurs que je n'ai jamais bien compris : car à vrai dire, je serais plutôt "voiture de formule 1" plutôt que "charrette" de la Petite maison dans la prairie, vu comme je cours toute la journée et fais tout à 300 à l'heure !

Mais l'image qui me vient d'emblée à l'esprit quand je pense à ma vie ces dernières semaines, c'est plutôt celle de Sisyphe. Vous savez, le type qui, pour avoir défié la Mort Thanatos, fut condamné à passer ses journées à rouler un gros rocher qui, dès qu'il atteignait le haut de la colline, retombait illico presto tout en bas. Chaque matin, quand j'arrive au boulot dix mille milliards de choses à faire m'attendent. Le soir, quand à 20 h, je ferme la porte de mon bureau, je crois enfin pouvoir respirer. Mais non, le lendemain, dix autres mille milliards de tâches m'attendent à nouveau ! Magie du monde du travail ou sortilège de la société moderne ?
Heureusement, comme dit l'autre, il faut "imaginer Sisyphe heureux" (ouf !).

Alors, pour me donner du courage, je me répète que dans un mois je ne serai plus sur ma charrette, mais (presque) en vacances (et donc dans le TGV). Et puis aussi je regarde les fesses de Sisyphe qui, quand même, était bien fait de sa personne sous les pinceaux de ce peintre allemand expressionniste ! (Vous trouvez pas, les filles ?)

Franz von Stuck (1863-1928), "Sisyphe", 1920

samedi 6 février 2010

Chaud au coeur !

Les jours de grands doutes et de petites déprimes, comme ça fait du bien de recevoir dans sa boitàmails une jolie image pleine de douceur et de chaleur ! De quoi vous booster et vous faire penser que tout ça, finalement, ça ne sert peut-être pas à rien !
Un très grand merci à Sandrine et à son immense talent pour cette nouvelle page illustrée de l'histoire de Loula, la petite fille au cœur grand comme ça ! Moi, j'adore !
(c) Sandrine Lamour / Les p'tits lapins bleus

jeudi 4 février 2010

Monsieur Personne

Vous devez l'avoir compris si vous lisez ce blog depuis un petit moment, j'aime les histoires bizarres, aux atmosphères étranges et mystérieuses. J'aime les livres qui paraissent échapper à la compréhension immédiate et dont la lecture appelle les relectures. Les livres illustrés par Joanna Concejo sont de cette espèce rare et inestimable. Les illustrations de cette artiste née en Pologne sont en effet loin de laisser indifférent.

Voilà plusieurs soirs que je relis Monsieur Personne, album paru au Rouergue en 2008.

Monsieur Personne est un vieux monsieur gris qui vit dans une banlieue grise, dans un appartement gris. De ce monde du quotidien, la couleur semble s'être envolée. Personne ne fait attention à Monsieur Personne, personne ne lui parle. Il passe dans la vie dans le silence le plus complet, occupant apparemment son temps à regarder les gens par la fenêtre.
Pourtant, derrière cette indifférence et cette solitude, se cache un immense trésor. Car Monsieur Personne a un secret, connu de lui seul. Un secret magique et magnifique, indispensable à tous. A quoi Monsieur Personne passe-t-il réellement ses journées ? Chut, je ne vous le dis pas pour vous laisser le découvrir...

(c) Éditions du Rouergue

Les illustrations ne sont pas forcément d'un accès facile, et pourtant elles sont terriblement intrigantes. Le personnage principal est dessiné au crayon noir. Son visage est expressif et disproportionné, presque trop réaliste sur ce corps gris et noueux. Le gris du crayon contraste avec les couleurs, douces et tendres, utilisées pour figurer le monde environnant. Dans cette vie grise naissent des situations insolites et des objets hors du commun. Ainsi, au fond de la tasse à thé de Monsieur Personne nagent des nuages et dans les tiroirs grandissent des plantes grimpantes.

(c) Éditions du Rouergue

On devine qu'il y a chez Monsieur Personne ce brin de fantaisie et de rêve qui fait qu'il ne ressemble à personne et qu'au fond de sa vie grise se cache une vie magnifique.


(c) Éditions du Rouergue

Monsieur Personne est un très bel album sur la vieillesse et la solitude, mais aussi sur le rêve et la magie. Avec des images décalées et un texte poétique, Joanna Concejo nous suggère l'idée que derrière les apparences se cache un monde merveilleux et pourtant insaisissable.

Grand et Petit est un autre album illustré par Joanna Concejo, mais écrit cette fois-ci par Henri Meunier et publié à L'Atelier du poisson soluble. Un couple a un bébé. Mais en même temps que ce bébé tout petit naît un bébé géant. Les deux enfants vont grandir ensemble et devenir complices. Mais tandis que petit grandit, grand, lui, devient petit... jusqu'à devenir si minuscule qu'on ne peut plus le voir avec les yeux !

(c) L'Atelier du poisson soluble

L'histoire de ces deux frères que tout sépare et tout rapproche en même temps est surprenante... et pourtant vraiment attachante. C'est une beau récit sur l'amour fraternel et sur le fait de grandir. Là aussi, le style de Joanna Concejo, avec ces visages dessinés au crayon noir, est bien caractéristique. A la fois réaliste et poétique, dérangeant et séduisant.

Une belle découverte !

  • Une critique avec des pistes de travail pour l'étude en classe sur le site "Séries littéraires"
  • Des photos d'une (belle) exposition de Joanna Concejo

Monsieur Personne
Joanna Concejo
Editions du Rouergue
2008


Grand et Petit
Henri Meunier (texte)
Joanna Concejo (illustrations)
L'atelier du poisson soluble
2008

mardi 2 février 2010

Une princesse sans histoire

Il y a très très très longtemps, un soir de printemps où je m'ennuyais, j'avais écrit une petite histoire. C'était une histoire comme ça, un brin autobiographique, écrite au fil de la plume pour m'amuser. Je ne la destinais à rien d'autre qu'elle-même - n'imaginant pas à quels lecteurs elle pourrait être destinée, et encore moins ne projetant sur elle un avenir éditoriale C'était une histoire de princesse, de crêpes, de panthère noire et d'ennui. C'était une histoire pour m'amuser, mais je ne sais pas si tout le monde aurait pu la comprendre. A l'époque, je sortais de mes études et en bonne agrégative j'avais mis dans mon conte des tas de concepts philosophiques et de gros appels du pied à des références savantes. Oui, oui, à l'époque, je m'amusais de drôles de façons !

Ce week-end, j'ai ressorti du fin fond de mon ordinateur mon histoire d'il-y-a-très-très-longtemps. Ça m'a fait rire... mais alors peut-être pas pour les mêmes raisons que dans le temps ! Il y avait des trucs bien dans mon histoire, mais d'autres vraiment pas terribles : des phrases de 3 km, des accumulations d'adjectifs ronflants, des allitérations méga lourdes, et j'en passe. Diable ! à l'époque, mon écriture était aussi pesante qu'un trois-tonnes !

Alors, j'ai pris mon stylo rouge et j'ai barré, supprimé, rayé. Allez, hop, virés les adjectifs synonymes les uns à la fil des autres, supprimées les références prétentieuses ! Quel plaisir d'avoir l'impression de laisser enfin respirer ce texte !

Le texte est passé à la moulinette du temps. Je crois qu'il est un peu plus léger comme ça. Je me suis dit que lors de toutes ces années, j'avais quand même fait pas mal de progrès en écriture et, en ces temps de doutes paralysants, ça m'a rassurée. Mais je me suis dit que j'avais encore des progrès à faire. Car ce texte version 2010 n'a toujours aucun avenir autre que celui offert par le TGO* : histoire encore trop longue et compliquée, vocabulaire ardu... Ce n'est toujours pas vraiment une histoire pour les enfants !

Avant de le faire repartir d'où il vient, je voulais quand même vous offrir le début de ce fameux texte sauvé du passé. Car c'est une histoire de crêpes et le jour de la Chandeleur, c'est d'actualité (car aussi je n'ai vraiment rien d'autre à vous faire lire en ce moment, vu que je n'écris pas !).
Soyez indulgents, einh ! Ah, et j'offre une surprise à celui qui saura découvrir le philosophe caché dans cette histoire !

*TGO = Tiroir du grand oubli (paix à l'âme de tous les textes qui y reposent).


***

Il était une fois une gentille et jolie princesse prénommée Éva. Elle vivait dans un grand et beau château dans une verte et printanière campagne. Son père était un roi qui n'était pas très riche, mais qui était aimé de tous ses sujets. Sa mère oubliait souvent d'être reine et préférait être maman et elle passait ses journées à préparer des crêpes à sa fille. Bref, tout le monde était heureux. Le roi aimait sa fille, sa femme et son royaume (verdoyant). La reine aimait sa fille, son mari et ses crêpes (au chocolat). Les sujets aimaient le roi, la reine, la princesse et les crêpes de la reine (mais seulement celles à la confiture de mûres). La princesse aimait le roi, la reine, et les crêpes (au chocolat mais aussi à la marmelade d’orange). Bref vous avez compris. Tout le monde aimait tout le monde. Et ceux qui n'aimaient personne s'aimaient malgré tout eux-mêmes, ce qui n'était pas si mal. C'était le meilleur des mondes possibles dans cet heureux royaume qui avait pour nom « Monade-Land ».

Seulement voilà. La princesse, au milieu de tout cet amour heureux, était très triste. C'était une belle et poétique tristesse. Mais c'était une tristesse tout de même. Car la princesse Éva s'ennuyait : elle se barbait, elle s'embêtait, elle se rasait, elle se lassait. Elle s'emmerdait, quoi. Elle passait ses journées à soupirer, la larme à l'œil : « J'ai des parents qui m'aiment et j'ai des crêpes à tous les repas, mais je n'ai pas d'histoire. Une crêpe ne remplace pas des aventures. Je n'ai rien à vivre, rien à sentir, rien à découvrir ! » Elle connaissait la célèbre maxime d’un grand écrivain russe : « les gens heureux n'ont pas d’histoire ». Et elle était malheureuse d'être aussi heureuse. Elle aurait voulu pouvoir transformer sa vie en roman, et ses rêves en poèmes. Mais, comme rien ne lui arrivait (à part la fournée quotidienne de crêpes), les pages de son journal intime restaient aussi blanches que les neiges de l’Alaska et son cœur aussi glacé que les banquises du Groenland. Elle avait tout, mais il y a des richesses qui ne remplissent pas une âme. Elle n’avait plus rien à espérer, mais parfois l’espoir nourrit les imaginations asséchées. Au fond de son ennui, elle se cherchait en vain une histoire.

Un jour, la princesse décida solennellement que son ennui profond ne pouvait plus continuer de la ronger et elle pensa qu'il fallait quitter le château de son enfance. Elle se dit intérieurement : « Je décide solennellement que mon ennui profond ne peut plus continuer de me ronger », ajoutant d'un ton assuré : « Je vais quitter le château de mon enfance !».

Le lendemain, après avoir dit adieu à son père le roi, embrassé sa mère la reine, et entassé au fond de son sac à dos une provision conséquente de crêpes au chocolat en poudre (plus pratiques pour le transport), elle s’en alla sur les routes. Bientôt, elle fut loin du royaume de Monade-Land. Elle parcourut des chemins caouteux, rocailleux, sableux, mouvants, bitumeux. Elle traversa des mers salées, déchaînées, chavirées, mazoutées. Elle vola à travers des airs ensoleillés, musicalisés, bleutés, ennuagés.

Après avoir égrainé des milliers de kilomètres, Éva décida un beau jour d'automne qu'elle était fatiguée et qu’elle ne pouvait plus continuer son existence errante. Elle avait épuisé sa réserve de crêpes. Elle regarda autour d'elle : elle était dans une petite ville froide et inconnue. Mais elle se dit que désormais ce serait sa ville. La princesse trouva une jolie maison lui rappelant le vieux château de ses parents. Puis elle s’acheta un four, de la farine et du lait et se mit à faire des crêpes, pour combler la faim creusée par la nostalgie maternelle. Toute occupée à ses crêpes, elle oubliait de penser – et donc elle oubliait d'être malheureuse et de s'ennuyer.

Mais un matin, la farine manqua. [...]


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